Opinion

L’abominable Intelligence Artificielle

Dans la plupart des jeux, l’IA est l’un des premiers éléments auquel on se remet pour juger de la qualité d’un jeu. Pourtant, elle est également là, quasi-uniquement, comme faire-valoir et n’a d’autre but que d’offrir au joueur un sentiment de réussite.

IA comme Défi

Imaginez un instant un jeu dont l’IA serait si perfectionnée qu’il serait impossible de la battre. Le jeu ferait surement le tour des réseaux sociaux sur lesquels les joueurs pourraient déballer leur haine envers le développeur tout en réclamant un patch « easy ». D’un autre côté, il y aurait les « élitistes », qui auraient su battre l’ia (ou aiment le challenge) et qui féliciteraient les développeurs pour leur audace.
 
L’IA représente le défi que l’on souhaite se fixer. Facile, normale, difficile. Elle permet de réguler la volonté du joueur pour assurer un minimum de satisfaction personnelle.

Mais revenons aux jeux de course et les critiques que l’on a généralement à l’encontre de l’IA :
  • IA Robotique : IA qui se suit en file indienne, ne fait jamais de faute et ne tente jamais de dépasser.
  • IA Endormie : IA qui ne représente aucun challenge et disparait dans vos rétros en un rien de temps.
  • IA Senna : IA super agressive qui tente de vous attaquer à la moindre ouverture, quitte à aller au contact.
Bien sûr, tout cela est lié au moteur physique et à la gestion des contacts dans le jeu. Assez souvent, les développeurs augmentent la « densité » des bolides de l’IA pour éviter que le joueur ne puisse aisément les sortir de la piste comme méthode de dépassement.
 
Mais qu’elle soit robotique, endormie ou Ayrton Senna, l’IA a un gros problème : Elle n’a pas le droit de gagner.
 
D’une part, la plupart des jeux vous imposent la première place et en règle générale, se faire battre par l’IA est un affront. Heureusement il y a des exceptions. Je doute par exemple que vous soyez devenu champion du monde avec la monoplace d’Heikki Kovalainen dans F1 2011. Mais ça n’est pas un problème car, comme Heikki, vous savez que même une 12ème place serait miraculeuse.
 

IA = Prost – Joueur = Senna ?

Je dis ça avec le plus profond respect pour Alain Prost et, quand à Senna, vous savez bien qu’on n’a pas le droit de dire du mal des morts. Sauf Hitler.

Bref.

En règle générale, même si vous êtes un pilote virtuel respectueux, si vous êtes second à 5 mètres du premier (géré par l’IA) et qu’il ne reste qu’un virage…on sait très bien ce qu’il va se passer : on plonge à l’intérieur, on dégage l’IA et on empoche les points de la première place. On s’en fout, c’est l’IA.

 
C’est une attitude assez pathétique mais à laquelle on a tous recours dans cette situation car l’IA n’a pas le respect du joueur.
  • IA trop rapide ? Erreur des développeurs.
  • IA trop lente ? Erreur des développeurs.
  • IA trop agressive ? Erreur des développeurs.

L’IA n’a aucun recours, mais le joueur :

  • START. Recommencer.
  • Utiliser une auto + performante.
  • Aides à la conduite.
  • Rewind.
  • Baisser la difficulté.
Ce sont peut-être toutes les aides offertes aux joueurs qui limitent notre volonté de nous battre contre l’IA.
 
Aujourd’hui, Fernando Alonso est considéré comme le meilleur pilote en F1. Avec 30 victoires en plus de 190 départs, il gagne environ 15% de ses courses.
 
La moyenne de victoire d’un joueur face à l’IA se situe sans problème au-delà de 75%. Donc que ce soit en rehaussant le niveau ou en limitant les aides offertes au joueur, il doit y avoir un moyen de combiner le plaisir de jouer et le défi que représente la victoire !
Evidemment, certains doivent se dire que je prends le sujet trop au sérieux, que les jeux sont un divertissement et ne doivent pas demander un investissement personnel trop important. Probablement vrai, mais à gagner trop facilement, on banalise la victoire.
 

Quel avenir pour l’IA?

Ce n’est que mon cas perso mais jetez un œil à mes stats dans Forza Motorsport 4. 2.8% de carrière et 99% de mes crédits remportés en ligne.

Statistiques générales Forza Motorsport 4

Forza est un cas un peu spécial car l’IA ne dispose pas de l’embrayage manuel, ce qui annihile toutes ses chances quoi qu’il en soit, mais quand même….Quand on voit :
  • Autolog chez EA
  • RaceNet chez Codemasters
  • Mode Rivaux chez Microsoft
On voit bien une tendance des développeurs/éditeurs à opposer les joueurs à leurs amis ou au monde entier plutôt qu’à l’IA. Certes, tout le monde n’a pas encore sa console connectée au Live ou n’est prêt à payer pour un service qui est gratuit sur d’autres plateformes…mais on sait bien qu’à terme, la grande majorité des consoles seront connectées et que les studios privilégieront cette voie.
 
En même temps, imaginez une seconde réaliser votre carrière entière de Need For Speed The Run (ou autre) uniquement face à des joueurs humains…on sait à quel point les humains peuvent être C**S et l’expérience pourrait rapidement devenir supra-frustrante. C’est pourquoi  tous les jeux indiquent dans la notice « attention, l’expérience de jeu en ligne peut varier ». Oui car l’IA n’a pas l’intention de vous dégager quand vous êtes premier, au dernier virage du dernier tour, avec 5 mètres d’avance.

Vous voyez où je veux en venir ?

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