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Test d’EA Sports WRC: Rêve ou cauchemar pour Codemasters?

Êtes-vous un vétéran des jeux vidéo? Né de la dernière pluie? Ou peut-être un peu entre les 2? Quoi qu’il en soit, l’idée d’un jeu officiel du WRC développé par Codemasters a été un véritable rêve pour les gamers depuis des décennies. Le fait que ce rêve soit enfin devenu réalité a été une source d’enthousiasme constant depuis l’annonce il y a désormais des années. Après Milestone puis KT Racing, Codemasters, maintenant sous chapiteau EA, a t’il su “sublimer” le championnat du monde des rallyes?

La longue et prestigieuse histoire de Codemasters remonte au milieu des années 80. C’est à la fin des années 90 que la passion du studio de développement britannique pour le monde du rallye est mise en avant avec le légendaire « Colin McRae Rally”. Je vous parle d’une époque à laquelle personne ne parlait de framerate, résolution, qualité de la modélisation ou fidélité des sonorités moteur. « CMR » a diverti des tonnes de joueurs à travers le monde et cimenté la présence de Codemasters en tant que spécialiste du rallye. Ce premier titre sera suivi par 6 épisodes avant de transitionner vers la franchise DiRT qui nous a offert 8 itérations à elle seule.

Tout ça pour dire que le rallye, dans l’esprit de beaucoup et depuis longtemps, c’est Codemasters. Toute cette expérience et expertise mises au service d’un jeu officiel du championnat du monde des rallyes? On n’osait plus y croire, mais en 2023, EA Sports WRC est bien là.

Si l’excitation est donc à son comble, il ne faut pas oublier qu’une licence officielle impose un cadre spécifique à un jeu vidéo. Pourtant, Codemasters a su garder quelques libertés pour ajouter à ce que le WRC apporte en termes de contenu et la plus intéressante est peut-être la possibilité de concevoir sa propre machine de compétition!

Un garage de rêve

Imaginez rejoindre l’assistance d’une véritable étape du WRC! Un rêve les yeux ouverts pour nombre d’entre nous, mais il y a mieux encore! Imaginez rejoindre le championnat avec votre propre structure et votre propre machine! C’est un peu comme être Prodrive sans l’appui d’un OEM comme Subaru! Cette excitante possibilité est présente dans EA Sports WRC avec un nombre d’options assez conséquent. En effet, lors de la création de votre voiture, les pièces cruciales qu’elles soient mécaniques (moteur, boite, différentiel…), aérodynamiques (carrosserie complète, aileron, diffuseur…) ou encore « de confort » (affichage digital, sièges baquet, volant…) sont sélectionnables avec une variété étonnamment grande! Le mode carrière permet donc de se lancer avec autre chose que les grandes marques habituées des spéciales comme Ford, Toyota, Hyundai ou encore Skoda (entre autres) en fonction de la catégorie dans laquelle vous souhaitez débuter (Junior WRC, WRC2 ou WRC1). C’est un ajout non négligeable au titre qui permet de créer un lien plus fort entre le pilote et sa machine, mais aussi toute votre structure « Motorsport » au sens large.

Avec cette possibilité on aurait pu croire que WRC 23 se contente d’un « service minimum » pour le reste des véhicules disponibles mais ce n’est pas du tout le cas! Des bolides des plus légendaires aux plus obscurs sont disponibles avec une liste de F2 (les tractions généralement appelées « kit cars ») à laquelle il ne manque presque plus rien (Nissan Almera kit car please Codemasters, et GTiR Groupe N pendant que j’y suis). Des véhicules historiques de 2 à quatre roues motrices et de toutes les époques assurent une variété immensément plus large que les simples 3 classes officielles du WRC.

Au total, ce sont pas moins de 78 véhicules destinés au rallye qui sont accessibles dans EA Sport WRC 23. Couvrant toutes les architectures en termes de moteur, emplacement et roues motrices, il y a de quoi faire!

Premiers pas en championnat du monde!

Turn 10 nous a parlé de « from the ground up« , chez Codemasters c’est « from the dirt up » et WRC 23 dispose donc d’un tout nouveau mode carrière qui, dans les faits, ressemble à ce que l’on a connu dans les précédentes itérations de KT Racing. 

Derrière une interface assez chargée qu’il faut prendre le temps d’adopter, le joueur se retrouve donc au sein d’une structure dont on est un acteur majeur, mais pas majoritaire pour autant! En effet, ce titre revient au « mécène » qui n’est autre que votre sponsor principal! C’est grâce à son argent magique que vous pouvez effectuer des investissements que ce soit au niveau matériel ou personnel. En échange de tout cela, il faudra atteindre des objectifs plus ou moins difficiles qui dépendent largement de vos choix personnels (on peut régler le mécène sur généreux pour se faciliter la tâche ou l’inverse pour transpirer à chaque visite hors piste). La relation avec le mécène est cruciale et une barre de « satisfaction » vous montre où vous en êtes après chaque épreuve, allant de « radieux » à « rupture inévitable ». Si tout se passe bien, plus de $ous-$ous pour la saison à venir donc de meilleurs employés, du meilleur matériel et plus de chances d’obtenir de bons résultats!

Malgré le fait qu’on soit évidemment le ou la pilote désigné(e) (éditeur de personnage au lancement avec choix du copilote), on se doit aussi de gérer les dépenses dans un pseudo-rôle de team manager. Si je doute qu’on apporte l’addition aux pilotes du WRC quand ils font des sorties de route à répétition, le mode carrière de WRC 23 vous rappellera toujours COMBIEN vos erreurs de pilotage ont coûté à l’équipe, et ça peut faire très très mal! Bien évidemment, tout ceci est réglable que vous cherchiez une expérience très réaliste voire punitive ou un délire plus casual et tranquille, avec difficulté basse, disponibilité du rewind pour effacer ses erreurs etc etc. EA oblige, le titre fait le grand écart afin d’assurer une grande accessibilité.

A partir de là, chaque saison se joue de semaine en semaine avec des évènements disponibles en fonction des véhicules que vous possédez. Si vous n’avez qu’un bolide, il reste possible de se faire prêter des voitures pour des rallyes ponctuels qui ajoutent un peu de variété tout en augmentant votre expérience globale des spéciales. Certaines journées ne sont pas du tout vouées à la compétition mais bien à l’équipe avec des journées de repos pour le personnel, des journées « recrutement » ou encore des expo permettant d’acheter de nouvelles montures à prix réduit.

Ce rythme hebdomadaire ajoute un peu de variété à la compétition « normale » dont la longueur peut également être personnalisée. Si vous choisissez « long », attendez vous à des épreuves de 9 spéciales qui ne retournent pas toutes à l’assistance, alors ménagez votre mécanique! Une fois que l’on s’engage dans une compétition en plusieurs manches cependant, il n’est pas possible d’annuler (possible d’abandonner la manche en cours cependant), donc il peut être intéressant de consulter le planning sur le long terme avant de rejoindre n’importe quelle épreuve.

Sans réinventer la roue, le mode carrière d’EA Sports WRC 23 est donc très solide et assure des heures et des heures de jeu quelle que soit la catégorie choisie au départ. Si on considère souvent ce mode comme le « cœur » d’un jeu, WRC 23 offre de nombreuses alternatives qui permettent à chacun de s’amuser tout autant ailleurs, chose rendue possible par un contenu imposant!

Des kilomètres et des kilomètres de spéciales !

Avec 17 rallyes et plus de 200 spéciales (et déjà tout un planning de nouvelles destinations en DLC payant) quasiment toutes accessibles dans des conditions horaires et de météo ajustables, WRC 23 frappe très fort. Même les quatre saisons sont présentes, par contre il ne faut pas s’attendre à des variations si fortes que cela selon la destination.

Par rapport à DiRT Rally 2, dont WRC 23 est le descendant direct, les spéciales sont donc plus nombreuses et souvent plus longues, beaucoup plus longues! La distance de certaines spéciales a été rendue possible par l’utilisation de l’Unreal Engine, une première pour Codemasters qui a toujours préféré son « Ego Engine » développé en interne. 

Pour se lancer directement dans le vif du sujet, il est donc possible de passer par des modes comme « championnats », « l’école de rallye », la « partie rapide », les « moments » basés sur des évènements qui ont réellement eu lieu durant l’illustre histoire du WRC ou encore des favoris comme le « Contre La Montre » et les « Clubs ». Toutes ces options permettent à chacun de s’offrir une expérience taillée sur le temps de jeu dont on dispose. C’est très adaptable et donc pratique.

Des problèmes techniques

De son côté, en tant que studio indépendant durant la vaste majorité de son histoire, Codemasters a produit des jeux à la qualité relativement voire très élevée. Rares sont les jeux du développeur britannique qui sont arrivés sur le marché avec un niveau technique (framerate, résolution notamment) en deçà des attentes. Avec le rachat par le géant du marché qu’est Electronic Arts, on pouvait donc s’attendre à « Plus de moyens, donc plus de qualité ». Malheureusement, ce n’est pas comme ça que la grenade s’est goupillée. En effet, EA Sports WRC (23) n’est pas aussi « clean » qu’on aurait pu l’espérer au vu de ce que DiRT Rally et DiRT Rally 2 étaient sur la génération précédente de console (et les PC qui ont évolué x10 durant la même période). 

La fluidité générale du titre n’est pas irréprochable. Certes le 60 FPS est là mais on ne ressent pas cet aspect « super smooth » d’autres titres et en plus, des « micro-freezes » se font sentir ici et là, générant d’énormes frustrations quand on approche un virage rapide déjà en stress. En plus, le « screen tearing », cet effet visuel très gênant, similaire à des vagues ou coups d’épée horizontaux à l’écran, apparaît de façon régulière mais imprévisible. Ce souci peut étonnamment être réduit cependant en réduisant à zéro l’effet de « tremblement de la caméra » dans les options. Mais ce n’est pas une solution totale. 

En dehors de ça, le framerate est assez stable mais peut souffrir de pertes durant certains passages (Monte Carlo pour moi notamment), ce qui entache encore un peu plus l’expérience. Peut-être plus étonnant encore est le fait que le titre ne représente pas une claque visuelle. WRC 23 est propre mais semble relativement pâle et ne donne certainement pas cette impression de « wow » lors des replays par rapport à la réalité. Ceci m’amène tout droit vers le gameplay.

Pas facile mais pas simu

Le comportement des autos me semble quelque peu suspect, dans le sens où les réactions dynamiques ne sont pas celles que j’attends d’un titre réaliste (ou même « simcade » comme un Forza Motorsport). Par exemple, difficile de ressentir le sous-virage ou le survirage hormis à très faible allure. Difficile également de ressentir le travail des suspensions et donc de prendre conscience des conditions de piste. Les voitures semblent en général avoir énormément de grip dans la plupart des scénarios et se comporter comme si 100% du poids se trouvaient en leur centre. Cela est surtout vrai avec les 4RM et peut varier grandement d’un modèle à l’autre, rendant certaines voitures bien plus agréables que d’autres.

Si j’espérais une évolution en termes de gameplay, cet aspect « simplifié » du pilotage n’est pas vraiment une surprise pour ce qui se doit d’être un titre grand public et non pas axé « hardcore gamer ». Par ailleurs, malgré cette déception, je dois dire que le jeu reste suffisamment fun pour avoir envie d’y retourner et enchaîner les spéciales, ma connaissance de celle-ci et du comportement des autos qui sont entièrement réglable d’ailleurs. 

Quelques mots sur les notes de copilote qui sont claires niveau phrasé et assistées par des codes couleurs (mode daltonien disponible d’ailleurs) histoire de mieux anticiper les prochains virages, tout en gardant les yeux 100% rivés au loin. Par contre, et c’est une vieille critique perso qui s’applique à tous les jeux de rallye, les notes du copilote semblent conçues spécifiquement pour les WRC 1, par là je veux dire qu’un « Droite 4 » en WRC 1 passe à fond avec une Lancia Fulvia. Au bout du compte, c’est la répétition et la connaissance personnelle des spéciales qui permet d’atteindre son potentiel max.

Pour résumer

EA Sports WRC 23 n’est pas le jeu que j’espérais quand on a appris il y a plusieurs années que la licence officielle du championnat du monde des rallyes était tombée dans l’escarcelle Codemasters. Pourtant ce n’est pas du tout un mauvais jeu. Vendu à un prix attractif et rempli à rabord de contenu, il dispose de qualités attachantes même s’il nécessite d’une période d’adaptation parfois frustrante.

Pour le côté technique, on peut compter sur Codemasters pour régler les problèmes les plus pressants (ça me rappelle leur premier jeu de F1 qui souffrait aussi de screen tearing au lancement, rapidement corrigé via patch). Le futur semble radieux avec de nombreuses nouvelles destinations et probablement des surprises dans les mois à venir. Ce nouveau jeu du WRC me rappelle aussi que le travail effectué par KT Racing durant des années est peut-être passé un peu inaperçu, mais c’est peut-être là un souci franco-français.

Après la sortie de Forza Motorsport, je me dit que ma résolution pour 2024 va être de moins attendre des jeux vidéos lors des 13 prochains mois. Mes attentes sont-elles trop élevées? Est-il devenu excessif d’attendre des jeux « finis » en Day one à notre époque? Joe Rogan parle de « Recreational Outrage », c’est vrai que la société va dans le sens de la critique à tout va mais c’est difficile de comprendre les problèmes que rencontrent des développeurs extrêmement expérimentés, dans leur domaine de prédilection.

Test réalisé sur Xbox Series X, uniquement à la manette.

Un bon jeu, mais pas le jeu que j’espérais

Les points positifs

  • Licence officielle
  • Contenu absolument au top (rallyes, environnements, voitures)
  • Présentation générale (menus, musique)
  • Modes de jeu simples mais efficaces
  • Expérience très personnalisable
  • Tout le contenu disponible dès le début selon le mode de jeu
  • Spéciales de 30 km !!!!!
  • Spéciales au tracé proches de la réalité
  • Mode carrière intéressant
  • Création de voiture
  • Rallye de régularité qui a le mérite d’offrir une expérience différente
  • Sonorités

Les points négatifs

  • Plus DiRT Rally 3 que WRC?
  • Soucis techniques
  • Gameplay qui semble un downgrade de DiRT Rally 2.0
  • Visuellement pas fracassant (Series X)
  • Manque de Toyota historiques

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